Depuis plus de 40 ans, La Fonderie développe ses singularités et déploie des actions spécifiques dans le paysage socioculturel, patrimonial et muséal bruxellois. Si La Fonderie est plurielle, c’est que son histoire l’a menée à multiplier ses missions, avec cohérence et en harmonie avec ses valeurs premières.
Aujourd’hui, La Fonderie vit un moment clé : son existence est mise à mal, entre autres, par des difficultés financières et par l’opération gigantesque de sauvetage de ses collections qui devra se faire au risque de perdre tout un pan de l’histoire ouvrière, sociale et industrielle de la capitale.
À travers la programmation de l’été qui arrive, nous vous invitons donc à (ré)expérimenter La Fonderie et ses multiples identités. Nous proposons diverses approches : visiter, arpenter, questionner, mettre en réflexion, jouer, imaginer, cheminer, écouter, ressentir, découvrir, fabriquer, rencontrer… Des chemins parfois détournés nous mèneront d’expériences en expériences.
Nos stages et ateliers nous amènent à explorer différentes techniques artistiques, comme un écho à cette fabuleuse conjugaison des art et industrie qui singularise la Compagnie des Bronzes (1854-1979) dont nous occupons le site de l’ancienne usine.
Une autre résonnance : dès le 10 juillet, l’artiste Nicolas Gutiérrez Muñoz réinterpétera les vestiges de notre site. Ses installations investiront nos ruines et nos anciennes machines, progressivement durant 3 mois. Nicolas utilisera le passage de temps, l’imprévu et le questionnement pour réinventer ses œuvres tout au long de l’exposition.
Les 12, 13 et 14 septembre, le festival Feral prendra ses quartiers à La Fonderie. Organisé par le CIFAS, il interroge et ré-invente notre rapport à la ville en stimulant les pratiques artistiques dans l’espace public. Ici les histoires se confrontent. La Compagnie des Bronzes produisait des statues monumentales, bien souvent dans un objectif de propagande politique au service de l’État. Des années plus tard, à partir de la 2e moitié des années 1970, le Collectif La Fonderie fera partie de ces associations pionnières revendiquant la revitalisation des quartiers meurtris pas la désindustrialisation et abandonnés par les autorités publiques. Que le Cifas ait choisi La Fonderie pour abriter son festival nous touche particulièrement tant il y a du sens à questionner nos rapports à l’espace urbain dans le contexte de ce site.
Le 15 septembre, dans le cadre des Heritage Days, nous mettrons le focus sur notre histoire récente, celle qui s’élabore depuis la faillite de la Compagnie des Bronzes, dans le sillage d’autres initiatives autour du paysage urbain, du droit à la ville pour tous et des musées de société.
Trois temps forts charpenteront la journée. Un atelier pour les familles où chacun.e pourra couler du plâtre, coloré ou non, ou du béton, teinté ou non, dans des moules simples pour ensuite assembler les formes sur une grande surface au sol. La ville miniature se déploiera au fur et à mesure de l’après-midi, croisant les réflexions sur ses fonctions, ses usages individuels ou collectifs ainsi que les notions de préservation, de planification, de destruction ou de construction. En parallèle, une marche particulière au sein du Petit Manchester bruxellois prendra la forme d’une exploration sensitive pour faire émerger les mémoires du quartier. Nous allons arpenter, regarder, ressentir, écouter, imaginer, se laisser surprendre… La journée se terminera par la projection – suivie d’une rencontre-débat – d’une pépite, d’un ovni ou plus simplement d’une archive inestimable : La Fonderie du vieux Molenbeek, un film réalisé par Marianne Osteaux en 1985 sur le site de l’ancienne fonderie de la Compagnie des Bronzes six ans après sa faillite. Elle y interrogeait d’anciens ouvriers et plusieurs porteurs du projet de réaffectation de l’époque. Quanrante ans après cette première aventure, souvent rocambolesque, nous envisagerons nos nouvelles aventures avec quelques acteurs du film, plusieurs intervenants provenant entre autres d’autres associations bruxelloises liées à la préservation du patrimoine et à la réflexion sur les enjeux de la ville tels que l’ARAU et l’IEB. Nous y discuterons de la ville, de ses mobilisations citoyennes, de ses patrimoines et du rôle d’un musée de société tel que le nôtre.